Biographie d’Etienne Dinet

Étienne Dinet naît à Paris le 28 mars 1861 d’une famille originaire du Loiret. Après avoir fréquenté le célèbre lycée Henry IV et étudié à l’école des beaux-arts de Paris, il entre dans l’atelier de l’illustre Victor Galland. C’est pour lui le début de la gloire. Ainsi, sa première œuvre, « La mère Clotilde », est bien accueillie par les critiques du salon de 1882.

En 1883, Dinet se rend, en touriste, en Algérie, pays qui lui inspirera ses plus belles peintures. Il voyage au sein d’un groupe d’entomologistes dans la zone de Bou Sâada. L’hospitalité et la paix qui y règnent le touchent profondément.

Cette rencontre avec l’Algérie change radicalement son art et son mode de vie. Après plusieurs voyages, il finit par s’installer définitivement en Algérie en 1900, année durant laquelle il obtient la médaille d’or lors de l’exposition universelle de Munich.

C’est en 1889 qu’il fait la connaissance du cheikh Sliman Ben Ibrahim Baâmer. Une rare amitié pour deux hommes que tout séparait commence alors. Ils co-écriront même des ouvrages qui sont, jusqu’à nos jours, gravés dans le patrimoine littéraire islamique francophone.

C’est accompagné de son désormais fidèle ami qu’Étienne Dinet participe à des événements religieux. Il découvre alors la foi musulmane. Infatigable, il sillonne le désert à dos de chameau. « Le désert, il vous invite à faire une halte pour redémarrer votre souffle. Ces dunes de sable à perte de vue, ce silence, on ressent une grande paix. Nos préoccupations quotidiennes s’évanouissent pour faire place à la sérénité », écrit-il.

En 1905, il acquiert une maison à Bou Sâada, où il résidera pendant 40 ans.
Il aime se recueillir dans l’immensité du désert où il réfléchit sur la condition humaine. Après avoir découvert la paix du désert, il rencontre la paix de l’islam. La fraternité, la tolérance et la simplicité de cette religion le poussent à devenir musulman. Dès lors, il se fait appeler Nasr-Eddine, le Triomphe de la religion. Sa conversion est sincère et, jusqu’à sa mort, il ne cesse d’œuvrer pour sa nouvelle religion : il transforme, en 1915, son château parisien d’Héricy en hôpital afin d’y accueillir les blessés musulmans de la Première Guerre mondiale, puis milite pour que des stèles mortuaires soient érigées pour les musulmans tués au combat et, plus tard, pour l’édification de ce qui deviendra la Grande Mosquée de Paris.

En 1923, il devient propriétaire d’une villa à Alger, achetée grâce à la vente de son château parisien, où il expose ses œuvres. Malgré l’embargo imposé sur celles-ci par ses détracteurs, elles rencontrent un immense succès.

Sa conversion est officialisée à la Grande Mosquée d’Alger en présence du mufti d’Alger, amplifiant les réactions virulentes de ses anciens admirateurs.

Ses œuvres sont alors qualifiées de torchons de l’orientalisme et son projet de fondation d’un musée échoue en 1929 à cause de la pression des groupes colonialistes. Malgré les difficultés, il veut démystifier l’opinion sur les préjugés à l’égard de l’islam.

Sentant sa fin arriver, en 1929, à 68 ans, il décide de faire son pèlerinage à La Mecque, ultime consécration de son existence. Évoquant son périple, il écrit :
« J’ai vécu les impressions les plus sublimes de toute mon existence. Rien dans le monde, ni dans le présent ni dans le passé, ne peut donner une idée de ce que nous avons vu comme foi monothéiste, comme égalité et fraternité entre deux cent cinquante mille êtres humains de toutes les races, pressés les uns contre les autres, dans le plus effroyable désert. »

Peu de temps après son retour, le 24 décembre 1929, Dinet meurt d’une crise cardiaque lors d’un voyage à Paris. Une cérémonie funéraire a lieu à la Grande Mosquée de Paris. Au cours de celle-ci, Georges Leygues, ancien président du Conseil et Maurice Viollette, ancien gouverneur général de l’Algérie, lui rendent hommage.

Sa dépouille est acheminée à Bou Sâada où, le 12 janvier 1930, des funérailles officielles ont lieu en présence de Pierre Bordes, gouverneur général de l’Algérie, qui prononce un éloge funèbre, les membres de l’Association des oulémas musulmans d’Algérie, qui prennent aussi la parole et invoquent en sa faveur, mais aussi tous les habitants de Bou Sâada qui se sont déplacés pour lui rendre hommage.

C’est donc dans cette ville, qui a été si importante pour lui, qu’il repose désormais en paix in shâ’ Allâh. Décision hautement symbolique, c’est aussi dans cette ville que son rêve de musée, qui n’a pas pu se concrétiser de son vivant, se réalise, en 1993, avec la création du Musée national Étienne Nasr-Eddine Dinet. Que Dieu lui fasse miséricorde.

 

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