La société nue – Alija Izetbegovic

La société et la communauté

Une société est fondée sur des besoins matériels, sur des intérêts; une communauté est fondé sur des besoins spirituels, sur des aspirations. Dans une société, les hommes sont des membres anonymes liés ou divisés par des intérêts; dans une communauté, les hommes sont des frères, liés par des pensées communes, la confiance ou simplement par le sentiment qu’ils ne font qu’un.

La société existe parce qu’elle permet d’acquérir plus facilement des bénéfices, ou d’assurer notre survie. Un enfant ne peut survivre sans l’aide d’autrui, tandis que les adultes ne peuvent bien vivre sans s’associer à des gens.

L’on peut en conclure que l’aspiration de l’Homme à la vie en société ne découle pas de son être réel, mais d’une nécessité.

La socialisation n’est pas recherchée en tant que telle, mais pour les avantages qui en découlent.

Une société est régie par la loi du plus fort, les lois de l’asservissement et de l’exploitation, ou, dans le meilleur des cas, la loi du partage des intérêts.

Seule une communauté connaît la justice, l’entraide, la solidarité, la fraternité.

Nombre de malentendus résultent de la confusion inconsciente de ces deux termes.

Jésus parle d’amour entre les hommes et il a raison. Hobbes parle d’une guerre de tous contre tous, et il a également raison.

Alors que Jésus à a l’esprit une communauté d’hommes, Hobbes pensent à une société.

En créant la société, la civilisation détruit les contacts internes, personnels, directs entre les hommes, en établissant, à la place, des relations externes, anonymes, indirectes.

Les premiers étaient représentés par les relations familiales, les fêtes et célébrations, les cérémonies de naissance, de mariage et de décès partagés par tous, ou par l’aide mutuelle directe et les soins d’un homme envers un autre.

Au lieu de telles relations qui font de l’Homme un être humain, la civilisation crée des institutions pour prendre soin des hommes et donc une société nue-une utopie-.

 

L’islam entre l’Orient et l’Occident p305-306-307, Alija Izetbegovic éditions Héritage

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